RH et réseaux sociaux: agir ou subir? C’est le thème choisi par Force Vive pour le petit déjeuner organisé à Paris il y a quelques jours. Une douzaine de DRH ou de cadres RH étaient venus assister à la présentation par Eric Peyrard, fondateur du cabinet, de ce sujet ô combien dans l’actualité! La présentation sera en ligne je crois, je mettrai le lien dès que je l’aurai: je l’ai trouvée à la fois pédagogique et pragmatique. Quant à l’offre de ForceVive dans le domaine des réseaux sociaux, je vous laisse le soin de visiter leur site pour la découvrir, elle m’a semblé à la fois complète, simple et économique!
Le sujet appelle de nombreux développements et n’importe quel moteur de recherches vous renverra des millions de réponses à une requête sur RH et 2.0 (14 800 000 sur google à l’heure où j’écris ce billet). Et donc mon propos n’est pas directement là. Il est de partager l’étonnement que j’ai ressenti en entendant les réactions de mes collègues. Je vais synthétiser en m’efforçant de ne pas caricaturer.Le groupe dont je parle, s’il n’était bien entendu pas véritablement représentatif, était assez éclectique: des hommes et des femmes, issus d’entreprises françaises ou étrangères, dans les services ou l’industrie, des babyboomers expérimentés et des personnes plus jeunes aux expériences plus courtes (mais pas vraiment de jeunes type génération Y). Je n’en tire pas de généralités, simplement quatre éclairages sur la fonction RH face aux outils 2.0.
Mon premier constat est que les réseaux sociaux sont connus et pratiqués (une seule exception sur ce point): qu’ils soient professionnels (LinkedIn, Viadeo) ou pas (Facebook), ces outils font désormais partie du paysage RH. Quand on passe aux autres technologies qui font le web 2.0, c’est très vite terra incognita: Youtube, Netvibes ou Twitter sont identifiés mais personne d’autre que moi n’a le moindre début de pratique , les flux RSS et leur agrégation n’évoquent absolument rien et nous sommes seulement deux à tenir un blog dans la salle. Le sujet intéresse mais seulement à partir de connaissances très limitées!
Mon deuxième constat est que mes collègues semblent associer en priorité les réseaux sociaux et le web 2.0 à des notions très négatives: flicage, abus, traçage, piratage, intrusion, répression…Les plus positifs expriment l’idée de mettre en place des chartes d’usage et de modifier les règlements intérieurs pouvoir sécuriser la sanction des comportements déviants. En quelque sorte, la déclinaison dans le droit du travail de la loi Hadopi!
Troisième constat, en poursuivant la présentation des champs professionnels pour lesquels un usage raisonné des réseaux sociaux pourrait constituer un plus utile (par exemple le recrutement ou la formation), c’est à nouveau une crainte qui est mise en avant, celle de la désocialisation: « je suis connecté avec le monde entier mais je ne m’intéresse pas à la personne à côté de moi ». Avec les réseaux sociaux et les attitudes de geek sont dénoncés également les abus des utilisateurs de téléphone ou d’ordinateur portables, qui traitent leurs mails en réunion ou ne cessent de s’échanger des SMS. Certains ont eu peine à croire que j’utilisais twitter puisque je n’avais pas saisi mon iphone pour twitter pendant la présentation de l’orateur…
La réflexion se poursuivant au sein du groupe, c’est à nouveau une crainte qui est mise en avant (mon quatrième constat): celle de l’infobésité, c’est-à-dire d’être submergé par un flot d’informations pas nécessairement pertinentes. Tous ceux qui se servent de l’internet pour faire une recherche d’informations, et encore plus si cette recherche est régulière par exemple pour alimenter un blog (!), savent à quel point il est facile en effet de se perdre dans les résultats de cette recherche et à quel degré d’ouverture d’esprit il faut atteindre pour néanmoins trouver des pépites dans l’amoncellement d’informations qui nous parvient (certains ont même inventé la notion de sérendipité pour désigner cette tournure d’esprit).
Ma conclusion, provisoire, est qu’il y a du boulot côté RH 2.0, boulot pour démystifier, vulgariser, évangéliser auprès des professionnels des ressources humaines ou au moins de certains d’entre eux, boulot pour concevoir les usages RH de ces technologies, boulot pour que les RH ne soient pas à la traine des utilisateurs avertis par exemple dans le monde du marketing…Passionnant, non?
Merci pour ce constat clair et concis, qui donne à réfléchir.
@ yelyam: content que ce billet vous ai plu!
Merci. Très clair et intéressant.
J’ai l’impression que la fonction RH a déjà du mal à se positionner comme contributeur stratégique de l’entreprise ou à se professionnaliser. Ma question est donc : la RH 2.0 est-ce mettre la charrue avant les boeufs ou une façon de travailler sur un positionnement stratégique et un levier de professionnalisation ? C’est une vraie question et quand on vous lit, on a l’impression qu’on met la charrue avant les boeufs…
Qu’en pensez-vous ?
Merci de ce commentaire.
Je crois en effet qu’il faut être méfiant avec tout ce qu’on lit et entend sur les RH2.0: les consultants, les vendeurs, les journalistes, les blogueurs (!) entretiennent un halo qui rend difficile l’appréciation de la réalité des entreprises.
Et je crois aussi qu’il existe des technologies ou des outils qui tirent les usages, transforment les comportements et modifient les attitudes.